"Spartacus, un homme instigateur d'une révolte" (1/3).
- Historiantiqua
- 29 déc. 2020
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Dernière mise à jour : 6 janv. 2022
Spartacus est un nom que beaucoup connaissent, mais connaissez-vous son histoire ? Aujourd'hui encore beaucoup de zones de sa vie sont floues et les moments que l'on connait nous parviennent de textes d'auteurs anciens. Pour l'essentiel, la vie de Spartacus et ses combats nous sont relatés par Tite-Live et Salluste qui écrivent deux siècles après les faits et qui, de plus, sont des récits des ennemis mortels de Spartacus. Rome avait l'habitude de la guerre et de la gagner mais Spartacus leur opposa une résistance dont le sénat ne lui en pensait pas capable. Voyons comment un homme à réussit à menacer le cœur même de Rome, en commençant par le début.

Spartacus brisant ces liens, Denis Foyatier (1793 1863), 1847, PBA Lille
Les débuts de Spartacus
Spartacus était un Thrace de la tribu des Maides qui se situait près du fleuve Strymon, l'actuel Struma. D'après les sources, on pense qu'il est né aux alentours de 100 av.J.-C, mais rappelons-nous que rien ne peut être pris pour acquis et que pleins de versions différentes sont données sur plusieurs points de sa vie.
La condition sociale de Spartacus dans son pays n'est pas définie, il était peut-être berger ou aristocrate, nous ne le savons pas. Cependant, le comportement qu'il a montré pendant la révolte prouve son intelligence mais aussi une bonne connaissance des tactiques romaines ainsi qu'un esprit aiguisé. Cet homme que l'on nommait Spartacus connait bien les romains car ils dominaient la Thrace et ils enrôlaient de force tous les hommes qui pouvaient se battre pour rentrer dans les corps auxiliaires de l'armée romaine. Spartacus, qui possédait un caractère impatient décida de déserter l'armée car il voulait être indépendant, libre. Malheureusement, il se fit capturer et fût proposé à la vente sur le plus grand marché d'esclave de Rome "L'encan".
A l'époque romaine, un esclave n'est même plus une personne, c'est une propriété privée qui doit obéissance à son maître le "Dominus", celui-ci a tous les droits sur son esclave, il peut même le tuer sans aucune excuse. Mais cela était très rare car l'esclave est tout de même un investissement pour les maîtres.
Spartacus fût donc vendu comme esclave mais avait peu de valeur car il n'avait aucune qualité dans la cuisine ou dans la création d'armes. C'était un esclave vaincu et le seul domaine où il pouvait servir était celui de l'arène. Il devint donc gladiateur étant donné qu'il était encore assez jeune. Sa punition pour avoir déserté l'armée fût donc la "Damnatio ad Gladium". Plutarque nous informe sur qui a acheté cet esclave que nous appelons Spartacus :
"Un certain Lentulus Batiatus entretenait à Capoue des gladiateurs, la plupart gaulois et thraces".

L'amphithéâtre de Capoue, Italie, de l'album Eugène - Hamel : Conrad Giorgo; 1875, Collections du musée national des beaux-arts du Québec.
Lentulus Batiatus était un laniste de Capoue, qui possédait un "ludus" dans cette ville pour y éduquer des gladiateurs. Certains auteurs nous disent que Spartacus était accompagné de sa femme, esclave elle aussi chez Batiatus. En tant qu'esclave, certains changeaient de nom, il y a donc une ombre qui pèse sur le fait de savoir si Spartacus était le véritable nom de cet homme ou si c'était celui que son maître lui avait donné. Etant un Thrace, son nom peut provenir de "Spartakos" ou "Spadocos" des rois Thraces mais rien n'est moins sûr.
Un gladiateur au ludus de Lentulus Batiatus
Le titre de gladiateur à cette époque n'est pas un titre glorieux, leur utilité est de faire des combats sur des places publiques ou des arènes et de servir de divertissement aux romains jusqu'à ce que la mort les emporte. Ceux qui par miracle ne mouraient pas, étaient souvent nommés au titre de "Doctores" et devenaient les entraîneurs des nouvelles recrues de leurs maîtres. Dans le "ludus" tous les hommes s'entraînaient avec des armes factices, cet art de combattre était très prisé et demandait un entrainement spécial avec des armes qui coïncidaient avec l'origine de l'esclave. Les Thraces comme Spartacus se battaient avec des boucliers et des sabres courts, cependant nous ne savons pas si Spartacus se battait avec cela car il était aussi appelé le "Mirmillon" qui se battaient eux avec des armes légères.

Arme de Gladiateur tiré du livre : Spartacus, entre le mythe et l'histoire de E. Teyssier.
Au Ier siècle av.J.-C , Capoue est un centre très réputé de gladiateurs, l'école de Batiatus possède environ 200 gladiateurs qui vivent dans des cellules toutes petites. Le but de ces écoles était de former de bons gladiateurs pour faire honneur au "ludus" et à leur maître dans les spectacles des arènes. Ce qui faisait grimper le prix du gladiateur victorieux pour sa location lors de prochains combats.
Batiatus n'a pas respecté une des principale règle de l'esclavage qui était d'avoir une hétérogénéité dans sa maison. En effet, dans cette villa de Capoue nous avions principalement des gaulois et des thraces. Le départ de la rébellion qui causera un grand tourment à Rome se déclencha ici, à l'intérieur des murs de ce petit "ludus", le maître ayant eu l'imprudence de concentrer un stock de gladiateurs privés de leurs libertés et qui étaient incapables d'accepter leur sort étant donné qu'il n'y avait presque aucun condamné à mort comme c'était le cas d'habitude pour ceux qui devenaient gladiateurs et qui étaient condamné à mourir dans l'arène.
Les facteurs de la révolte venait autant de l'homme qui avait une aptitude immense à dynamiser les hommes mais également des facteurs religieux, grâce à la femme de Spartacus qui soi-disant était une prophétesse dionysiaque. Nous ne savons pas combien de temps c'est passé entre son entrée dans la maison de Capoue, son idée de fuite et son passage à l'acte. On peut tout de même supposer que cela n'a pas dû durer longtemps puisqu'il n'était pas d'une grande patience. Nous ne savons pas non plus s'il avait déjà fait ses preuves dans l'arène une fois au moins avant de quitter son statut de gladiateur.
La fuite de Capoue
Au départ, 200 gladiateurs ont suivi Spartacus avec l’idée de fuir. Malheureusement pour eux ils furent dénoncés mais au lieu d’attendre des représailles peu glorieuses, nous pouvons nous en douter, 70 à 78 gladiateurs fuirent avec Spartacus. Les détails de cette évasion reste flou.
"Un thrace nommé Spartacus se trouvait dans le nombre des gladiateurs. Il persuada soixante-dix de ses camarades de braver la mort pour recouvrer la liberté, plutôt que de se voir réduits à servir de spectacle dans les arènes des Romains" Appien.
Ils sortirent du ludus sans armes car elles étaient gardées fermées à clés pour éviter les révoltes, l’évasion se passa de nuit. Ils volèrent des choses dans les cuisines qui leur servirent d’armes comme des broches ou des coutelas et franchirent les murs de la maison. En chemin vers Naples ils croisèrent un chariot d’armes destiné à une autre école de Capoue, ils s’emparèrent, donc, de la cargaison.
Dès ce moment-là ils formèrent une petite armée au lieu de se séparer comme le faisaient habituellement la plupart des fuyards. Cela leur permirent de tenir tête à Rome pendant près de 3 ans. L’alerte de la fuite fût rapidement donnée, d’autant qu’elle ne passa pas inaperçue et donna un mauvais exemple pour les esclaves des autres Ludus. Ce petit contingent de gladiateurs repoussait sans mal les troupes romaines de milices urbaines qui n'étaient pas faite pour faire face à des gladiateurs entraînés à l’arène. Trois personnes se démarquaient du groupe qu’ils formaient pour en prendre la tête, bien sûr il y avait Spartacus le thrace, accompagné de deux gaulois qui se nommaient Crixus et Oenomaus. En se dirigeant vers la baie de Naples, beaucoup d’esclaves et de bergers furent sensible à leur cause et se joignirent à leur groupe.

Les premières étapes de la fuite de Capoue.
Le début de la révolte
Spartacus avait-il prévu cet engouement pour sa cause ? Les historiens n’en sont pas certains. Beaucoup d’esclaves un peu partout commençaient à se révolter, tuant leur maître et les gardes afin de rejoindre Spartacus. Les répressions face à ses esclaves révoltés étaient vraiment accentuées pour les dissuader de faire pareil que les gladiateurs. Les milices ne les prenaient pas en chasse car ils savaient qu’ils n’avaient aucune chance, ils préféraient garder les cités. Quant aux aristocrates ils s’en référaient à Rome pour les aider à mater la rébellion. En à peine quelques jours, Spartacus et son idée de liberté virent arriver un nombre incalculable de personnes, ils amenèrent des vivres, des pièces et ce qu’ils avaient pu récupérer avant de partir de chez leur maître pour l’offrir à leur protecteur Spartacus et ses hommes. Ils les intégrèrent tous dans l’armée qu’ils étaient en train de monter. Lui qui pensait ne pas intéresser Rome avec seulement 70 gladiateurs, maintenant ils étaient trop nombreux pour que le sénat n’intervienne pas.
La suite au prochain épisode : "Spartacus face à la république de Rome".
Sources :
E.Teyssier, Spartacus. Entre le mythe et l'histoire, ed Perrin, coll "Tempus", 2017, p384.
C.Salles, Spartacus et la révolte des gladiateurs, ed Complexe, Bruxelles, 1990, p 212.
A.Schiavone, A la recherche de Spartacus, ed Belin, Torino, 2014, p 158.
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