L'éducation particulière des jeunes spartiates.
- Historiantiqua
- 6 janv. 2022
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photo film "300"
Sparte est une cité du Péloponnèse, elle est constituée de quatre villages : Limnai, Kynosoura, Mesoa et Pitana. Au Vème siècle av.J.-C, la cité s’étend sur près de 8 500 km² ce qui est beaucoup plus que son principal rival : Athènes. Athènes et Spartes sont les deux plus importantes cités du monde Grec, elles sont très régulièrement en conflit et ont des façons de vivre qui sont sur certains points similaires mais sur d’autres elles sont totalement opposées.
L’éducation spartiate est la seule connue de ce type dans la Grèce antique car elle se base principalement sur l’éducation militaire des jeunes enfants au lieu de leur éducation intellectuelle. Pierre Roussel appelle cela du “dressage” pour façonner les futurs citoyens avec des valeurs guerrières et intellectuelles ce qui équivaut à une communauté de l’excellence. Cette éducation est appelée l’agôgè (ἀγωγή), elle est originale puisque celle-ci est obligatoire, collective et organisée par la cité.
Cette éducation spartiate pose ses fondations au milieu du VIème siècle av.J.-C, elle est théoriquement mise en place par Lycurgue, législateur mythique de Sparte. La première référence à l’agôgè est inscrite dans la “constitution des Lacédémoniens” écrite par Xénophon.
Les citoyens qui ne participent pas à l’agôgè sont considérés comme des citoyens diminués qui ne peuvent pas accéder aux magistratures ni entrer dans le corps d’élite.
"Celui des citoyens qui ne supporte pas l'agogè n'avait pas part aux droits civiques" Plutarque.
A l’inverse par contre des personnes qui ne sont pas citoyens peuvent subir l’éducation spartiate est par là même devenir des hommes libres.
Pour devenir citoyens il faut avoir grandi libre c'est -à -dire ne pas être hilotes. L’agôgè est une formation civique qui conduit le comportement exemplaire dans la cité comme combat. Tout est dans la maîtrise de soi-même, dans le corps et le langage car l’apparence compte.
"Se soumettre à l'agôgè devenaient à leurs yeux un brevet de citoyenneté et de civisme" Hoffmann.
Cette éducation est très importante dans le monde grec et assez reconnue dans sa manière de faire de ces enfants de grands soldats. C’est pourquoi on ne retrouve pas que des enfants de citoyens spartiates dans les rangs de l’agôgè mais également des enfants d’aristocrates qui viennent de partout en Grèce, comme l’exemple des enfants du roi d’Epire, Pyrrhus Ier qui règne durant le IIIème siècle av.J.-C.
"Enverrait ses plus jeunes enfants se faire élever dans les moeurs laconiennes afin qu'ils soient par là déjà supérieur aux autres rois" Pyrrhus, 26, 21, Plutarque.
Cette éducation devient un véritable symbole de Sparte, et notamment le symbole du système politique, social et moral de Lycurgue.
L’agôgè n’a été interrompu que deux fois dans toute l’histoire de Sparte : La première entre 270/250 et 226 av.J.-C, au moment où Cléomène II la remet en place. La seconde est entre 188 et 146 av.J.-C où elle est remise en place par la ligue achéenne. La seconde est certaine tandis que pour la première il n’y a pas de preuve suffisante pour en être certain.
L'agôgè
Sparte met en place une politique eugéniste pour la sélection des enfants qui sont sains et forts. Dès sa naissance, le bébé est examiné sous toutes les coutures pour déterminer sa vaillance par une commission d’anciens de la cité. Il devait même passer un test : les sages-femmes les mettait dans un bain de vin qui devait déceler les métabolismes épileptiques et fragiles. Plutarque explique que si l’enfant ne convient pas il est immédiatement tué car il ne doit pas être un poids pour la cité. Cependant cette information comme quoi la cité pratiquerait l’infanticide ne se retrouve que dans le récit de Plutarque et n’est pas corroborer par des sources archéologiques puisque qu’aucun ossements n’a été retrouvé dans le gouffre aux Apothètes, endroit où les enfants auraient du être jetés. L’éducation des jeunes dans l’espace familial est laissée à une nourrice. Le père et la mère n’ont pas vraiment de rôle, d’après les textes leur relation n’a rien d’exceptionnel.
L’agôgè commence dès le plus jeune âge après avoir été scruté dès la naissance, à l’âge de 7 ans les enfants sont enlevés à leur famille pour être placés sous l’autorité du magistrat supérieur qui gère l’éducation : le paidonomos. Ce pédonome à les pleins pouvoirs pour rassembler et châtier les enfants. Ils sont accompagnés par des “porteurs de fouets” qui sont choisis parmi les jeunes adultes venant de terminer l’agôgè. C’est à ce moment-là que l'éducation passe de la vie privée dans le cercle familial à une éducation collective organisée par la cité.

Fouet votif en bronze provenant du sanctuaire d'Apollon Korythos à Longas, en Pylie. Fouet peut-être lié à un rite religieux de passage pour les jeunes garçons. Musée archéologique national, Athènes, n°18848a et b.
L’agôgè est donc un ensemble de rîtes de passage qui “dressait” de jeune enfants à l’aide d’une succession d'épreuves pour forger et endurcir l’enfant.
Les plus jeunes pouvaient dormir chez eux tandis que les plus âgés dormaient en collectivité dans des “casernes” sur des paillasses qu’ils confectionnent eux-mêmes avec des roseaux. Pour l'hiver, ils mêlent du chardon à leur couchette pour leur tenir chaud. Ils vivent dans l’inconfort et dans la surveillance constante des adultes.
Les garçons ont la tête rasée, les pieds nus, et un seul vêtement, un manteau qu’ils devront garder toute l’année. Ces enfants sont sous-alimentés, pour survivre ils sont donc dans l’obligation de voler.
Isocrate en parlant des pratiques spartiates dénigre le vol pour former les jeunes surement parce que ces propos en exagère les pratiques :
« Ces gens-là, chaque jour et aussitôt après le lever, envoient leurs enfants, chacun avec les compagnons de son choix, en théorie chasser, mais en pratique voler les habitants des campagnes. Et voici le résultat : ceux qui sont pris, paient une amende en argent et reçoivent un châtiment corporel ; ceux qui ont commis le plus de méfaits et sont parvenus à les cacher, jouissent parmi les jeunes gens d’une considération supérieure aux autres…” Isocrate.
Un des exemples les plus connus de ces vols est celui du vol de fromage sur l’autel d’Artémis Orthia. C’était en réalité un test de capacité et un rite en l’honneur de la déesse de la part des jeunes, car oui les vols peuvent également être des rites.
“Il leur a permis, non pas de prendre sans peine ce qui leur manque, mais de dérober de quoi se défendre contre elle. Ce n’est pas - personne ne l’ignore, je pense - parce qu’il ne savait que leur donner à manger qu’il les a autorisés à se débrouiller ainsi pour leur nourriture. Mais il est clair que celui qui a l’intention de voler doit rester éveillé la nuit, et pendant le jour ruser et se poster en embuscade, et qu’il doit aussi disposer des guetteurs s’il veut s’emparer de quelque chose. Si donc Lycurgue a ainsi formé les enfants à tout cela, son but était évidemment de les rendre plus habiles à se procurer le nécessaire et plus propres à la guerre. On dira peut-être : “pourquoi donc, s’il approuvait le vol, a-t-il voulu que l’on ne ménage pas les coups au voleur surpris ?” Je réponds à cela que tous les maîtres du monde corrigent aussi les mauvais élèves. C’est donc à cause de leur gâcherie à voler que les spartiates punissent les enfants pris sur le fait.” Xénophon.
Cette idée de vol est présentée comme un entraînement de nécessité alimentaire, pour ce faire il faut être tactique, user de ruse et avoir une bonne cohésion de groupe pour éviter de se faire attraper. S' ils se font prendre ils sont frappés et puni pour ne pas avoir fait correctement leur travail, car ils doivent voler sans être vu.
« De plus, Lycurgue a fait un point d’honneur aux enfants de ravir le plus de fromages possible à l’autel d’Orthia, et il a prescrit que des camarades les fouetteraient pendant ce temps » Xénophon
« son dessein était de montrer ainsi que l’on peut, grâce à une brève souffrance, acquérir le bonheur d’une gloire durable. On voit aussi par là que dans les occasions où il faut de la promptitude, c’est la mollesse qui gagne le moins et s’attire, par contre, le plus de désagréments » Xénophon.
François rusé se demande si nous pouvons comprendre le sens de la flagellation, la signification des fromages et de leur vol, la nature du rite dans son ensemble en liaison avec la personnalité de la déesse et les trouvailles faites dans son sanctuaire ?
Le fouet n’est pas réalité pas une punition, mais une épreuve de plus que le jeune spartiate cherche à éviter. Si il est pris en train de voler, il est foueter et cherche à éviter les coups tout en gardant un comportement courageux, qui est digne d’un spartiate adulte. Les meilleurs dans cet exercice obtiennent la célébrité.
Ce vol précis de nourriture est transformé en un rite dont deux groupes s'affrontent: ceux qui volent et ceux qui protègent le sanctuaire.
L’éducation de ces jeunes enfants est divisée en deux parties: d'une part ils ont une formation guerrière autant militaire que sportive, cette formation se fait dans un gymnase. Ils font de l’athlétisme et apprennent également le maniement des armes comme l’épée, la lance, le bouclier ainsi que la formation en phalange. On leur inculque aussi l’obéissance aveugle pour éviter la rébellion contre les personnes plus au gradé notamment dans les phalanges hoplitiques dans lesquels certains vont continuer leur carrière.

D’autre part, il y a la formation intellectuelle très sommaire, qui ne prend que très peu de place dans tout le système éducatif mis en place. Ils apprennent à lire et à écrire seulement pour le strict nécessaire. Ils lisent Homère, Tyrtée ou Alcman.
Ils privilégient l’oral à l’écrit mais celui-ci reste indispensable à la communication pour les relations internationales. Ils apprennent à parler avec peu de mots mais de manière intelligente et raisonnée.
L’éducation n’est pas seulement pratiquée dans le gymnase, elle règle aussi leur comportement dans la vie publique, aussi ils doivent venir aux syssities, le banquet des homoioi c'est-à-dire le banquet des hommes libres âgés de plus de 20 ans. A Sparte tous les repas sont pris en commun, les jeunes viennent assister aux banquets, ils doivent marcher en regardant toujours le sol et doivent écouter les conversations sans jamais parler.

Diner les syssities.
La pédérastie
La pédérastie est une institution morale et éducative que l’on retrouve dans d’autres endroits du monde grec, elle n’est pas réservée à Sparte. La plus ancienne preuve de pédérastie est celle de Crète. Après en avoir fait l'annonce et obtenu l'approbation du père, l'homme adulte enlevait le garçon, il est isolé avec lui à la campagne pour une durée de deux mois environ. Il s'agissait de faire du garçon un chasseur adroit et un combattant courageux. Il était considéré comme normal pour le jeune garçon de s'offrir à son amant comme marque de reconnaissance pour la formation que lui administrait l’adulte. À l'issue de cette période, le garçon était reconduit dans la cité, où l'on fêtait son retour et sa renaissance sociale, publiquement et à grands frais.
A Sparte, C’est un lien entre des hommes âgés et des enfants :
- L’éromène est âgé entre 12 et 20 ans c’est celui qui est aimé,
- l’éraste quant à lui est âgé entre 20 et 30 ans c’est celui qui aime.
L’adulte est ami avec l’enfant et parfois même il cohabite. Les auteurs antiques affirment que cette relation peut être confondue avec une relation paternelle ou fraternelle. Ceux-ci encouragent l’un l’autre à être le meilleur, cette relation est favorable pour les deux parties.
« l’éducation résidait essentiellement dans les rapports profonds et étroits qui unissaient personnellement un jeune esprit à un aîné qui était à la fois son modèle, son guide et son initiateur »H-I Marrou
Xénophon déclare que si l'Eraste désire son Éromène, ce qui n’est pas acceptable et c’est cela n’apporte que du déshonneur.
Cependant, on retrouve souvent cette allusion à caractère sexuel qui est sujet à plaisanterie chez les auteurs comiques de l’époque mais qui en réalité n’a aucun caractère sexuel.
Platon dénonce dans Les lois ce qu’il juge être des amours contre nature.

photo pédérastie Jeunes spartiates en exercice sous le regard d'un précepteur dans un gymnase antique.
Ces liaisons sont contrôlées par l'État, selon Elien les éphores donnent des amendes aux Éromènes qui préfèrent des Eraste riche plutôt que des pauvres mais valeureux. De même, l'Éraste à une amende lorsque son Éromène montrent des signes de faiblesses.
« Les amoureux des enfants (érastes) participaient à leur réputation dans les deux sens; et l’on dit qu’une fois, un enfant ayant proféré un mot lâche dans un combat, son amant fut puni par les magistrats. » Plutarque, vie de Lycurgue 18
Les explications de cette pratique sont multiples, cela peut être le résultat de la nudité athlétique dans les gymnases, du culte du corps, de l'importance du temps passé en groupe exclusivement masculin. Les raisons les plus logiques seraient pour la volonté de transmettre du savoir de génération en génération. Cette situation est profitable pour les deux partis, cela permet de nouer des liens forts et précieux au niveau politique pour la suite de la carrière des jeunes.
La cryptie spartiate
A la fin de la formation, certains élèves doivent faire partie de la cryptie, une institution qui reste mystérieuse malgré tout ce que l’on connaît sur l’éducation de Sparte. La cryptie ne fait donc pas partie de l’agôgè mais pour ceux qui participent celui signe la fin de leur éducation.

C’est une institution qui sélectionne des jeunes qui partent pendant 1 an qui errent dans les montagnes et dans les campagnes, ils ne doivent pas être vu et sont munis pour seul compagnon d’un poignard. On ne les voit que la nuit pour trouver de la nourriture et tuer les hilotes qu’ils trouvaient sur leur chemin. Le meurtre est une partie essentielle de la cryptie car il prouve le courage et la détermination du futur guerrier. Aristote semble confirmer cette version qui est ensuite relatée par des récits de Plutarque.
« On envoyait un jeune hors de la ville, avec consigne de ne pas être vu pendant tel laps de temps. Il était donc forcé de vivre en parcourant les montagnes, en ne dormant que d'un œil, afin de ne pas être pris, sans avoir recours à des serviteurs ni emporter de provisions. C'était aussi une autre forme d'exercice pour la guerre, car on envoyait chaque jeune homme nu, en lui enjoignant d'errer toute une année à l'extérieur, et de se nourrir à l'aide de rapines et d'expédients semblables, cela de manière à n'être visible pour personne. C'est pourquoi on l'appelait kryptie : car on châtiait ceux qui avaient été vus quelque part. » Scholies de Platon.
La cryptie n’a pas été créer simplement pour terminer l’éducation des enfants mais également une manière de se défendre contre les hilotes qui sont une communauté autochtone de Laconie et de Messénie qui devient de plus en plus nombreuse. A partir de là, la Cryptie prend tout son sens, elle permet de tuer des hilotes sans peine de représailles par rapport aux lois de la cité de Sparte.
“Nous courons sur la même piste et nous nous frottons d’huile, comme les hommes”
Les filles ont elles aussi droit à une éducation spartiate. L’objectif de la cité est de faire d’elles des femmes et des mères capables de produire des enfants sains et robustes pour devenir les futurs soldats et futures mères de Spartes.

Figure féminine courant. Bronze, style péloponnésien, deuxième quart du Ve siècle av. J.-C. Provenance : Sparte ?
Elles sont habillées d’un péplos archaïque, décousu sur le côté, ce qui provoque des moqueries et des commentaires graveleux. Les athéniens les surnomment “phainomerides” = celles qui montrent leurs cuisses. Elles s’exercent donc nus à la manière des hommes qu’elles soient jeunes, enceintes ou âgées.
Contrairement aux garçons, elles restent dans le foyer familial et disposent de certaines formes de loisirs ainsi que d’une vie privée. Elles apprennent la musique, la danse et la poésie avec leurs mères et les femmes de leurs groupes.
Des figurines votives montrent des femmes jouant des instruments de musique à vent, à cordes ou des percussions.
Elles ont également une éducation physique, Euripide cite des sports comme la lutte, la course et le lancer de javelot. Leur entraînement physique semble être similaire à celui des hommes autant par leur nature diverse que par l'attrait de la compétition.
“Nous courons sur la même piste et nous nous frottons d’huile, comme les hommes, sur les bords de l’Euratos” Théocrite.
Leurs talents sont exploités notamment durant les cérémonies religieuses où on les voit danser. Selon Platon les jeunes filles de Laconie sont obligés à une formation complète qui sera sportive, musicale et civique.
Le poète Alcman que les garçons apprennent dès leur plus jeune est un homme qui dans ces poèmes expliquent la vie civique qui accompagne la formation des jeunes spartiates. Etant sensible aux charmes des jeunes filles, durant ces dernières années il écrit un poème appelé Parthéneion, chant choral pour les jeunes filles spartiates.
« … Ayant tramé le mal, ils souffrirent de maux sans fin. Car il est un châtiment des dieux. Bienheureux celui qui dans la joie tisse jusqu’au bout la toile de son jour sans pleurer. Ainsi, moi, je chante l’éclat radieux d’Agidô. Je vois en elle le soleil, dont pour nous Agidô appelle en témoignage le flamboiement. Mais faire son éloge ou la blâmer, notre illustre maîtresse du chœur en aucune façon ne le permet. Car elle apparaît elle–même dans sa perfection, comme si l’on plaçait au milieu du bétail une cavale ardente, couronnée de victoire avec ses sabots sonores, une de celles qu’on voit dans les grottes des rêves. Ah ! ne la vois–tu pas ? La bête de course est d’Enétie mais la crinière de ma cousine Hagésichora est une floraison d’or pur. Son visage d’argent, pourquoi t’en parlerai–je à voix claire ? Telle est Hagésichora. Mais la seconde par la beauté, (après ?) Agidô, va courir, coursier ibène rivalisant avec celui de Colaxais, car les Pléiades, pour nous qui apportons à la déesse de l’Aurore la charrue (vel : sa robe), se lèvent par la nuit d’ambroisie, comme l’étoile de Sirius, pour engager le combat. Ni profusion de pourpre ne suffit à nous protéger, ni un serpent chatoyant d’or tout entier, ni le diadème lydien, des jeunes vierges aux yeux de violette la parure, ni la chevelure de Nannô, et non plus Aréta à l’allure de déesse, ni Thylacis et Cléêsithéra. Tu n’iras pas trouver Aenesimbotra pour lui dire : « Si seulement Astaphis était à moi ! Si seulement Philylla regardait vers moi, Damareta aussi et Vianthémis qui inspire l’amour ! Non. Mais Hagésichora m’épuise de désir (vel : veille sur moi). N’est–ce pas la fille aux belles chevilles, Hagésichora, qui est présente ici ? Ne se tient–elle pas près d’Agidô, nous exhortant pour notre fête ? Vous les dieux, faites accueil à leurs prières : aux dieux appartiennent l’accomplissement et la fin. Toi, maîtresse qui conduis le chœur, je voudrais te le dire : je ne suis moi–même qu’une jeune fille hululant son cri en vain, depuis sa poutre comme une chouette. Mais plus qu’à toutes les déesses c’est à Aotis (l’Aube) que je brûle de plaire : de nos peines toujours elle est la guérisseuse. Hagésichora offre aux jeunes vierges le chemin de la paix tant désirée, comme le cheval de volée guide les autres, comme du pilote il faut avant tout autre suivre les ordres ; mais elle, mieux que les Sirènes elle ne sait chanter, car ce sont des déesses, et nous, nous ne sommes qu’un chœur d’une dizaine d’enfants qui chantons. Pourtant son chant retentit comme sur les flots du Xanthe celui du cygne. Mais elle, (Hagésichora ?), avec sa chevelure dorée qui [la rend] désirable… » (quatre vers manquants) Livre Rusé.F.
Participer à des chœurs est une obligation de la cité qui s’inscrit dans les rapports de la communauté avec ses dieux. Cela pour attirer leur bienveillance et pour assurer l’avenir des citoyens. Parmi ces divinités, deux d’entre elles les accompagnent : Artémis et Hélène.
En dehors des récits de Plutarque et de Xénophon qui nous rapporte leur formation en sport et en chant nous n’avons pas d’autres témoignages anciens sur le reste de leur éducation. Celle-ci ne se résume pas a faire d’elles des bonnes mères surtout quand on sait qu’elles ne s’occupent pas de l’éducation de leur propres enfants garçons.
Les jeunes filles sont présentes lors de la fête des Hyakinthia à Amyclées qui est souvent le symbole de la fin de la formation des garçons et des filles, qui sont à l’âge du mariage. Elles participent à un concours et à une parade devant tout les citoyens réunit.
Malgré les nombreuses critiques des autres grecs notamment celle des Athéniens. Sparte, par son éducation, forment de très bons guerriers de Grèce durant les périodes archaïque et classique. La prédominance de son armée pose les bases de sa réputation dans tout le monde grec. Ceci a aussi largement contribué à nourrir la légende spartiate.
Dès le IVème siècle av.J.-C, la cité de Sparte suscite l’admiration des contemporains. En 2018, l’image de Sparte est véhiculée par les médias pour mettre en lumière la violence dans l’éducation.
Sources :
Levy.E. “Remarques préliminaires sur l’éducation spartiate”, Ktéma 22, 1997, p.151-160.
Hoffmann.G. “Anaplérôsis et agôgè au temps des rois Agis IV (244-241) et Cléomène III (235-222), dans Dialogue d’histoire anaienne, 2014, p. 111-127.
Ruzé.F. “Les enfants-soldats à Sparte?” dans Inflexions, 2018, p. 47-54.
Pacheco.M. L’éducation à Sparte : questionnement sur la place de la famille au sein d’une agôgè façonné par la cité, 2018.
Legras.B. Education et culture dans le monde grec VIIIav-IV ap, Cursus, Armand Colin, 2002.
Ruzé, Françoise, et Jacqueline Christien. Sparte. Histoire, mythes et géographie. Armand Colin, 2017.
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